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Les Énergies d’habitude – Thich Nhat Hanh

mars 19, 2019

Résumé

Pour changer une habitude, le plus important est le groupe d’entraide car le conditionnement à réaliser est énorme si l’habitude vient de l’enfance (ex: insécurité de mon père et sa façon de fuir : le sucre, le contrôle, blâme, critique, tv, magasiner, etc). Si je peux convaincre les enfants ou des amis ou juste Amélie ou Félix. Je peux découper le but en petits objectifs faciles à réaliser. Exemple, pendant 1 mois, je ne mange plus de désert au diner. Je peux danser, boire de l’eau ou une tisane sans sucre lorsque mon manque déclenche le désir dans mon cerveau. Le mois suivant, je peux attendre 2 hres après le souper pour manger mon désert afin d’éviter la collation du soir. Ensuite, le troisième mois, je peux réduire les PPP dans mes repas. Et ainsi de suite jusqu’à ce que je mange santé. Si je remplace le sucre par la danse, je peux archiver mes tartes avec mon application pour m’assurer que mes pointes de tartes sont équilibrées. Mais si je ne me repose jamais, je serai épuisé. Je dois apprendre à méditer pour me reposer dans l’observateur calme et stable. Je pourrai ensuite intégrer cette respiration à ma vie courante

L’approche ultime est donc la pleine conscience. Par exemple, lorsque je suis triste, je vais manger du sucre. Ce n’est pas un acte volontaire, cela se produit automatiquement. Pour remplacer cette ancienne énergie d’habitude par une nouvelle énergie d’habitude, chaque fois que je viens pour manger du sucre, je respire en pleine conscience. Une première respiration consciente exige un effort. Cela ne vient pas encore naturellement. Je dois manger en pleine conscience : «Je sais que je mange du sucre. » Quand ma pleine conscience sera plus forte, je pourrai dire : «Je sais que je suis triste.». Mais si nous continuons à pratiquer, la respiration consciente deviendra une énergie d’habitude.

Nous voyons que prendre soin de nous-même, c’est prendre soin de ceux que nous aimons. Nous décidons alors de prendre soin de notre corps, pour eux et pour nous. Je dois réduire le sucre, le café, la viande… la détermination requise est énorme pour changer mes habitudes incrustées depuis longtemps. Les énergies d’habitude positives ont besoin d’être cultivées, car nos énergies d’habitude négatives nous poussent à faire et à dire des choses qui nous font souffrir et font souffrir les autres. Cette détermination peut venir de la conscience de la mort: « il ne me reste que quelques années, est-ce que je veux les gaspiller dans des dépendances malsaines? » Mais le groupe d’entraide est ce qui nous donne le plus d’énergie, je veux le créer au plus vite.

Texte complet Thich Nhat Hanh

La Métamorphose de l’Esprit
La conscience du tréfonds a pour fonction
De recevoir et de préserver
Les graines et leurs énergies d’habitude
Pour qu’elles se manifestent dans le monde ou restent latentes.
Les graines que nous recevons

Les graines que nous recevons de nos ancêtres, de nos amis et de la société sont déposées dans notre conscience, de même que la terre reçoit les graines qui viennent à tomber. Tout comme les graines qui sont enfouies dans la terre, les graines qui sont dans notre conscience du tréfonds nous sont cachées. Nous sommes rarement en contact avec elles. Ce n’est que lorsqu’elles se manifestent dans notre conscience mentale que nous en prenons conscience. Quand nous sommes heureux, nous pourrions croire qu’il n’y a pas de graine de colère en nous. Mais dès qu’une personne nous énerve, notre graine de colère se fait connaître.
« Énergie d’habitude» est un terme important dans la psychologie bouddhique. Nos graines contiennent des milliers d’années d’énergies d’habitude. Le terme sanscrit pour «énergie d’habitude» est vashana, qui signifie« parfumer », «infuser », «imprégner. » Si vous voulez préparer du thé au jasmin, vous cueillez des fleurs de jasmin, vous les mettez dans une boîte avec du thé et vous refermez bien. Quelques semaines plus tard, les feuilles de thé seront profondément imprégnées des fleurs de jasmin, elles en auront absorbé le parfum. De même, notre conscience du tréfonds a une grande capacité pour recevoir et absorber des « parfums» et des « senteurs ». Cette imprégnation de notre conscience – les énergies d’habitude contenues dans les graines – affecte nos façons de voir, de sentir et de nous comporter. Les graines dans notre conscience se manifestent non seulement sous une forme psychologique mais aussi en tant qu’objets de notre perception – les montagnes, les rivières, les autres. En raison de ces énergies d’habitude, nous ne
percevons pas les choses telles qu’elles sont réellement. Nous interprétons tout ce que nous voyons ou entendons en fonction de nos énergies d’habitude. Si vous froissez une feuille de papier, il est difficile de la rendre à nouveau lisse. Elle a l’énergie d’habitude d’être froissée. Il en est de même pour nous.
Quand nous rencontrons quelqu’un, c’est notre énergie d’habitude que nous rencontrons vraiment, et cette dernière nous empêche de voir autre chose. Si la première fois que nous avons rencontré cette personne, nous avons eu une première impression négative, nous développons une énergie d’habitude quant à la manière de nous comporter avec elle. Chaque fois que nous la regardons, nous voyons toujours l’ancienne personne, même si elle a complètement changé. Nos énergies d’habitude nous empêchent de percevoir la réalité de l’instant présent. Nous sommes influencé par les actions et les croyances de nos parents et de la société. Mais nos réactions face aux choses ont leurs propres schémas et nous sommes prisonnier de ces schémas. Nos énergies d’habitude sont le fruit de notre comportement, formé par nos réactions face aux choses et par notre environnement. Une énergie d’habitude se développe en fonction de l’environnement dans lequel une personne grandit (ex: insécurité de mon père et sa façon de fuir : le sucre, le contrôle, blâme, critique, tv, magasiner, etc). Aujourd’hui, beaucoup d’enfants ont l’énergie d’habitude de regarder la télévision. Ils sont malheureux quand ils se retrouvent dans un endroit où il n’y a pas de télévision.

Un petit garçon est venu un jour avec sa mère au Village des Pruniers. Quand il a su qu’il n’y avait pas de télévision, il a dit à sa mère qu’il voulait partir. Nous l’avons convaincu de rester une demi-journée et il a commencé à jouer avec les autres enfants. Au bout de quelques heures, il a voulu rester plus longtemps et, finalement, il est resté trois semaines. Il a découvert qu’il pouvait être heureux sans télévision.

C’est une bonne nouvelle. Nous pouvons modifier nos énergies d’habitude. Et pour les transformer, il faut en changer. Même si nous en avons la meilleure intention, nous ne pourrons pas nous transformer tant que nous n’aurons pas travaillé sur nos énergies d’habitude. Le plus simple est de trouver une Sangha, un groupe de personnes qui pratiquent ensemble la pleine conscience. Si nous allons dans un environnement où nous pouvons pratiquer profondément avec d’autres personnes, nous parviendrons à modifier nos énergies d’habitude. À travers la pratique de la pleine conscience, nous pouvons identifier les graines qui sont en nous et reconnaître les énergies d’habitude qui y sont associées. Avec la pleine conscience, nous pouvons observer nos énergies d’habitude et commencer à les transformer.
Si notre famille et nos amis sont instables, leur comportement va aussi «imprégner» notre conscience. C’est pourquoi il est important de choisir avec soin les personnes avec qui nous passons du temps. Quand nous parlons à quelqu’un qui est malheureux, notre conscience du tréfonds va recevoir les graines de sa souffrance. Si nous ne veillons pas à maintenir nos graines positives au cours de la conversation, sa souffrance va arroser les graines de souffrance qui sont en nous et nous allons nous sentir épuisé.

La pratique de la pleine conscience nous permet de créer de nouvelles énergies d’habitude plus fonctionnelles. Par exemple, le simple fait d’entendre une phrase peut nous faire faire la grimace. Ce n’est pas un acte volontaire, cela se produit automatiquement. Pour remplacer cette ancienne énergie d’habitude par une nouvelle énergie d’habitude, chaque fois que nous entendons cette phrase, nous respirons en pleine conscience. Une première respiration consciente exige un effort. Cela ne vient pas encore naturellement. Mais si nous continuons à pratiquer, la respiration consciente deviendra une énergie d’habitude. C’est ainsi que nous pouvons développer n’importe quelle énergie d’habitude. Quand vous commencez à vous brosser les dents après le repas, il peut vous arriver d’oublier dans les premiers temps. Mais au bout d’un moment, cela devient une habitude et vous ne vous sentez pas bien si vous ne vous êtes pas brossé les dents.

Certaines énergies d’habitude sont très difficiles à transformer. Fumer est une énergie d’habitude à laquelle il est difficile de renoncer. La pleine conscience est la clé. Chaque fois que vous fumez, fumez en pleine conscience afin de savoir ce que vous fumez. Notre pleine conscience de cette énergie d’habitude s’approfondira chaque jour et nous verrons que nous détruisons nos poumons. Puis nous verrons le lien entre nos poumons, notre santé et ceux que nous aimons. Nous voyons que prendre soin de nous-même, c’est prendre soin de ceux que nous aimons. Nous décidons alors de prendre soin de notre corps, pour eux et pour nous. Pour moi, je dois réduire le sucre, le café, la viande… la détermination requise est énorme pour changer ses habitudes incrustées depuis longtemps. Cette détermination vient de la conscience de la mort; il ne reste que quelques années, est-ce que je veux les gaspiller dans des dépendances malsaines? La pleine conscience encourage ce genre de prise de conscience.

Boire de l’alcool est aussi une énergie d’habitude. Il nous arrive peut-être, lorsque nous sommes triste, de boire un verre de vin pour oublier notre tristesse. Avec notre pleine conscience, chaque fois que nous levons notre verre, nous disons: «Je sais que je bois un verre de vin. » Quand notre pleine conscience sera plus forte, nous pourrons dire : «Je sais que je suis triste.» A mesure que nous en aurons conscience et que nous verrons la tristesse dans notre énergie d’habitude de boire du vin, nous pourrons commencer à transformer les graines de tristesse qui sont en nous.
Le bonheur peut aussi être une énergie d’habitude. Quand nous pratiquons la marche méditative, chaque pas nous apporte de la paix et de la joie. Au début, cette pratique peut nous demander un effort. Nous ne sommes pas encore très doué. Mais un jour, nous commençons à ressentir de la paix et de la joie assez naturellement. Nous nous demandons comment nous avons pu  être si pressé. Quand nous sommes à l’aise avec la marche méditative et d’autres manières de se déplacer en pleine conscience, elles deviennent des énergies d’habitude.
Bien qu’il y ait des énergies d’habitude positives, il semblerait que les énergies d’habitude négatives se mettent en place plus rapidement que celles qui sont bénéfiques. À l’école, nos enfants sont exposés à de bonnes habitudes et à de mauvaises habitudes, mais ils semblent apprendre les mauvaises en premier. Il faut du temps à un jeune pour apprécier Shakespeare, mais il lui faut très peu de temps pour apprendre à boire de l’alcool. Quand vous voulez apprendre quelque chose à un enfant, vous devez le répéter sans arrêt jusqu’à ce que cette graine soit solidement plantée dans sa conscience. Quand vous peignez un mur, la première couche ne suffit pas. Vous devez mettre une deuxième, voire une troisième couche. C’est ainsi que l’on apprend. Nous devons reconnaître, embrasser et transformer nos énergies d’habitude négatives et nous entraîner à avoir des énergies d’habitude plus positives. Je considère que j’ai eu de la chance d’apprendre très tôt dans ma vie la bonne énergie d’habitude de pratiquer la méditation assise chaque jour pour me calmer et cultiver plus de stabilité, de solidité et de liberté. Nous sommes nombreux à avoir pris l’habitude de revenir à notre respiration et de sourire chaque fois que nous entendons la cloche de la pleine conscience. Les énergies d’habitude positives ont besoin d’être cultivées, car nos énergies d’habitude négatives nous poussent à faire et à dire des choses qui nous font souffrir et font souffrir les autres.

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