S’affranchir des quatre attachements selon Jetsün Drakpa Gyaltsen

1. Abandonner l’attachement à cette vie

La première étape est d’abandonner l’attachement à cette vie :
La discipline, l’étude, la réflexion et la méditation
Pratiquées en vue d’obtenir des bénéfices dans cette vie,
Sont contraires au Dharma, alors abandonne-les !

En premier lieu, pratiquer la discipline équivaut à posséder
L’escalier qui mène à la libération,
Et le remède pour éliminer la souffrance.
Sans discipline, rien ne peut être accompli,
Mais celui qui pratique la discipline tout en restant attaché à cette vie,
Se retrouve avec la cause racine des huit préoccupations mondaines.
Il se met à dénigrer ceux dont la discipline est relâchée
Et à jalouser ceux chez qui elle est authentique.
Maintenir sa discipline devient alors une simple hypocrisie,
Abandonne cette discipline mensongère et artificielle !

Celui qui s’engage dans l’étude et la réflexion
S’approprie le trésor de la connaissance
Et la lampe qui dissipe l’ignorance.
Sans l’étude et la réflexion, rien ne peut être accompli,
Mais celui qui s’y adonne tout en restant attaché à cette vie
Récolte en abondance orgueil et arrogance,
Méprise ceux qui sont moins avancés que lui
Et jalouse ceux qui s’y adonnent de façon authentique.
Cherchant à accumuler richesse et disciples,
Évite l’étude et la réflexion motivées par les huit préoccupations mondaines !

Celui qui s’entraîne à la méditation
Possède l’antidote contre les émotions négatives,
La base pour accomplir le chemin de la libération,
Le moyen de réaliser la véritable nature des choses
Sans la méditation, rien ne peut être accompli,
Mais celui qui médite en restant focalisé sur cette vie
Trouve à s’affairer même dans la solitude
Et sa pratique devient un bavardage inutile.
Il en vient à dénigrer ceux qui s’adonnent à l’étude et à la réflexion
Et à jalouser les autres méditants :
Alors abandonne cette méditation basée sur les huit préoccupations mondaines !

2. Abandonner l’attachement au samsara

Afin d’atteindre le nirvana, l’état au delà de la souffrance,
Abandonne tout attachement aux trois mondes du samsara.
Et afin d’abandonner cet attachement aux trois mondes,
Réfléchis sur les maux de l’existence dans le samsara :

En premier vient la souffrance de la souffrance,
Contemple-la intensément et tu en auras la chair de poule.
Et si tu devais la subir, elle te serait intolérable.
Pourtant, à ne pas pratiquer la vertu de la modération,
Tu te prépares pour l’obsession et là, où que tu sois, quel effroi !

Contemple la souffrance du changement,
Observe les changements dont tu es témoin parmi les hommes :
Vois le riche se retrouver mendiant,
Le puissant perdre son pouvoir,
La foule du populaire se réduire à un seul,
Et ainsi de suite, au-delà de toute imagination.

Pour contempler la souffrance inhérente à l’existence conditionnée,
Observe à quel point les choses à faire n’en finissent jamais,
Que la souffrance affecte les groupes comme les individus,
Et qu’elle frappe les riches tout comme les affamés.
Toute notre vie humaine se passe à faire des projets
Et la mort nous cueille en pleins préparatifs.
Cet amas de souffrances qu’est le samsara,
Par quelle perversité peut-on s’y attacher?

Libéré d’un tel attachement, on trouve le bonheur suprême.
Affranchi de l’attachement à cette vie et au samsara, je chante ma réalisation !

3. Abandonner l’attachement à notre intérêt personnel

Mais me libérer seul n’apportera aucun bienfait.
Car les êtres sensibles sont tous mes propres parents :
Il serait épouvantable de les abandonner à leurs souffrances
En ne recherchant le bonheur que pour moi seul !
Puisse toute la souffrance mûrir sur moi,
Puissent tous les êtres s’inspirer de mes mérites,
Et par la bénédiction de ces mérites,
Puissent-ils tous atteindre l’état de Bouddha.

4. Abandonner l’attachement à l’existence du soi

Pourtant, quels que soient mes progrès dans le Dharma,
Tant qu’il y aura saisie d’un soi, il n’y aura point de libération.
Pour le dire plus précisément :
Si tu es attaché au fait que les choses existent, ou pire,
qu’ils n’existent pas, il n’y a point de libération ;
Alors fais de ton mieux pour demeurer dans l’état de non-dualité !

Tous les phénomènes appartiennent au domaine de l’esprit :
Aussi, sans rechercher de créateur pour les quatre éléments
Comme le hasard ou un dieu tout-puissant,
Fais de ton mieux pour te détendre dans la nature profonde de l’esprit !

Les apparences sont par nature comme une illusion,
Et elles s’élèvent en interdépendance :
Cette véritable nature des choses, les mots ne peuvent l’exprimer,
Alors fais de ton mieux pour rester dans cet état indicible !

Par les mérites de cette action vertueuse,
Celle d’avoir expliqué comment s’affranchir des quatre attachements,
Puissent tous les êtres se libérer des causes de la souffrance
Puissent tous les êtres trouver le bien-être

6 inconvénients du samsara:

Ces six inconvénients peuvent être abrégés en trois points  : l’existence cyclique n’est pas fiable, quels que soient les plaisirs appréciés dans l’existence cyclique, ils sont finalement insatisfaisants, et il en est ainsi depuis un temps sans commencement.

Nous recherchons toujours la sécurité. Nous voulons la sécurité de l’emploi, nous voulons la sécurité des relations, nous voulons la sécurité financière. Quand en avons-nous jamais? C’est impossible. Oui? Impossible. Les choses changent tout le temps, tout le temps.

Le second est les inconvénients de l’insatisfaction. On veut toujours plus de tout ce qu’on désir et on est jamais satisfait.   « Pourquoi tout le monde n’est-il pas comme je le souhaite? » [soupir] D’accord ? Cet esprit est une fonction de attachement à nos propres attentes. On développe des attentes, on développe des idées, on s’y attache beaucoup. Que le monde devrait fonctionner selon ma façon de penser, et quand ce n’est pas le cas, nous sommes mécontents et nous blâmons le monde. Et c’est pourquoi notre esprit se plaint toujours, n’est-ce pas ? 

Le troisième inconvénient de l’existence cyclique, qui est de devoir jeter notre corps encore et encore. le quatrième inconvénient du samsara est d’entrer dans l’utérus encore et encore.

le cinquième inconvénient, l’inconvénient de changer continuellement de haut en bas. C’est donc celui du changement de statut. Parce que nous voulons toujours un statut élevé, nous ne voulons pas un statut inférieur. Et pourtant, notre statut change constamment, nous montons et descendons, montons et descendons.

Et aujourd’hui, comment dit-on le nom du gouverneur de l’Illinois, Blagojevich, celui qui a été accusé d’avoir vendu le siège d’Obama. Le sénat de l’Illinois l’a destitué aujourd’hui. Il est donc passé du statut de chien de tête dans l’Illinois au bas de l’échelle maintenant. Et il a non seulement perdu son emploi, mais les gens ne le respectent pas pour ce qu’il a fait. Donc, voici une très bonne situation de quelqu’un qui était très grand et puis – je veux dire qu’il l’a fait par ses propres actions, s’est attiré cela sur lui-même. Je vous parlais tout à l’heure de ce grand milliardaire allemand qui s’est suicidé parce qu’il avait fait de mauvais investissements. Et ainsi la fortune monte et descend constamment, monte et descend, monte et descend, monte et descend ; on voit ça, c’est comme la valeur du dollar — monter et descendre [rires]. Et c’est comme si vous regardiez ce que font les grands PDG de certaines entreprises avec leurs énormes bonus ; pensant qu’ils garderont leur statut très haut. Ce n’est qu’une question de temps avant que tout ne s’effondre. 

Le sixième inconvénient de l’existence cyclique, celui-ci suivant est l’inconvénient de n’avoir aucun compagnon. Cela signifie que nous éprouvons la souffrance seuls. Maintenant, nous pensons : « Oh, mais quand je souffre, tous mes amis sont autour de moi et quand je meurs, je veux tout le monde autour de moi. » Mais avoir tout le monde autour de vous peut-il éliminer votre souffrance ? Est-ce que n’importe quel être humain autour de vous, peu importe combien il a de compassion pour vous, peut éliminer votre souffrance quand vous êtes mourant, ou quand vous êtes malade, ou quelque chose comme ça ? Non, ils ne peuvent pas l’éliminer. Ils peuvent dire des choses qui vous aident, mais ils ne peuvent pas enlever votre souffrance. Et quand nous mourrons, est-ce que quelqu’un d’autre vient avec nous ? Même s’ils meurent en même temps que nous ? 

Et donc notre meilleur ami, c’est donc le mérite que nous avons créé. Parce que tandis que d’autres êtres sensibles ne peuvent pas venir avec nous, le mérite, le bon karma que nous créons, vient avec nous. Et de même la manière dont nous avons habitué nos esprits, cela vient avec nous. Parce que nous vivons d’instant en instant sous la force de l’accoutumance, nous sommes des créatures d’habitude ; et au moment où nous mourons, nous mourons comme nous vivons. Et vous pouvez voir comment la façon dont nous réagissons quand les choses arrivent dans la vie, nous réagissons si habituellement, n’est-ce pas ? Et puis vous y pensez, « Wow ! Si la moindre petite chose se passe au quotidien, et qu’habituellement je suis dégoûté, que va-t-il se passer quand je mourrai et qu’il se passera quelque chose d’important ? Et je subis cela seul et peu importe le nombre d’autres personnes autour de moi qui m’encouragent, je suis toujours celui qui est responsable de ce que fait mon esprit. Alors ça nous réveille vraiment, parce qu’il faut pratiquer maintenant pour se réhabituer à autre chose – parce que c’est cette tendance qui va être vraiment importante au moment de la mort.